Consulter un ostéopathe est une démarche devenue courante. Savez-vous cependant que ce type de professionnel peut accompagner la femme enceinte et participer à son mieux-être ? Marion Bernard, ostéopathe, répond à nos questions.

 

Quelle est l’utilité d’une visite chez l’ostéopathe pendant la grossesse ?

Il est important de vérifier l’absence de blocage mécanique à toute phase de la vie. Pendant la grossesse, l’évolution de la posture de la mère va avoir un impact sur le corps : le bébé prend de la place au niveau abdominal, avec une bascule du poids du corps vers l’avant. Ce phénomène induit alors une compensation des chaînes postérieures vers l’arrière. Normalement, ces changements se font naturellement. Seulement, j’observe fréquemment l’absence de ces petites adaptations chez les futures mamans qui viennent me consulter. La visite en ostéopathie va permettre d’enlever tous ces mauvais réglages mécaniques pour que la posture puisse se modifier naturellement.

 

Conseillez-vous aussi une visite avant la conception ?

Si les choses sont prévues, une visite pré-conceptionnelle est toujours intéressante pour accueillir bébé dans un endroit qui subit le moins de tensions possibles. Si la conception est « facile », on vérifie qu’il n’y a pas de problème de mécanique au niveau du bassin, de l’utérus, et de façon plus globale, du système gynécologique. Quand la conception est « compliquée », par exemple en accompagnement d’une PMA, des problèmes mécaniques peuvent être à l’origine des difficultés de conception, même si ce n’est pas toujours le cas.

 

A quels moments et combien de fois une femme enceinte doit-elle consulter un ostéopathe ?

Au nom du principe de précaution et comme de nombreux ostéopathes, je déconseille l’ostéopathie pendant le premier trimestre en l’absence de problème particulier. Si la femme est atteinte de sciatalgie ou autre, on ne la laisse pas souffrir et on la reçoit. Mais on la prévient avant de débuter la séance.

En théorie, je conseille généralement trois consultations : au début du deuxième trimestre, au début du troisième trimestre, et une dernière en fin de troisième trimestre avant la naissance. Bien entendu, rien n’est obligatoire.

L’imprégnation hormonale engendre une distension des ligaments, le bassin s’ouvre vers le haut et vers le bas, et bébé descend. Le rendez-vous en fin de troisième trimestre nous sert à vérifier qu’il n’y a pas de tension mécanique qui puisse limiter l’ouverture du bassin. Ce n’est pas pour autant que l’accouchement se déroulera parfaitement, mais on optimise les chances pour que tout se passe au mieux. Cela ne signifie pas non plus qu’une femme qui ne consulte pas un ostéopathe aura un accouchement difficile.

 

Avez-vous eu des retours de femmes ayant vécu plusieurs accouchements et pouvant faire une comparaison avec ou sans suivi ostéopathique ?

Effectivement, certaines de mes patientes ont noté que plus elles gagnent en confort avec une mécanique qui se fait normalement, sans blocage, et plus les poussées peuvent être efficaces et moins douloureuses. Quand le dos est verrouillé, les contractions utérines ne peuvent pas s’appuyer dessus et prendre de la puissance pour la poussée. Avec un suivi en ostéopathie, la douleur est toujours présente localement, mais les mamans ne souffrent pas du dos.

 

Les consultations en ostéopathie sont-elles vraiment nécessaires pendant la grossesse si aucune douleur ou aucun trouble particulier ne sont ressentis ?

Je conseille un petit contrôle, mais c’est valable aussi hors grossesse, même sans douleur ou gêne. Le côté préventif en ostéopathie est très important. Pour le corps, il est normal de faire des blocages de temps à autre, tout au long de la vie. C’est sa façon de réagir à son environnement.

Pendant la grossesse, cette vérité est encore plus valable puisque l’environnement est extrêmement modifié. Si la femme enceinte n’a pas de douleur, elle aura besoin de moins de bilans. En principe un ou deux peuvent suffire pour toute la grossesse, afin de limiter les petits blocages qui ne sont pas forcément ressentis parce que le corps peut les gérer, mais qui conduiront peut-être plus tard à de plus fortes douleurs.

 

Quels signes doivent alerter la femme enceinte à consulter un ostéopathe ?

Il y en a trois. Le premier : une douleur dans le corps, après que l’obstétricien a écarté tout problème médical. Le deuxième : une raideur, une difficulté à faire un mouvement sans lien avec l’état d’avancement de la grossesse. Avec l’imprégnation hormonale, la femme est plus laxe. Une articulation très raide doit donc être source de questionnement. Bien entendu, être au neuvième mois de grossesse et toucher difficilement ses pieds relève moins du problème mécanique que de la présence de bébé… Le dernier est l’inconfort. Il ne s’agit pas d’une vraie douleur, mais d’une difficulté à rester dans la même position sans bouger, alors qu’habituellement ce n’est pas un problème. Par exemple, une femme qui a l’habitude de lire dans son canapé, mais qui depuis un moment, n’arrive pas à trouver une position agréable et éprouve une gêne dans le bas du dos.

Les femmes n’y pensent pas forcément, mais l’ostéopathe peut aussi avoir une action sur beaucoup de symptômes de grossesse. Nausées, reflux gastro-œsophagien en position allongée, constipation… Ce n’est pas une vérité pour tous les cas. En effet, on différencie difficilement les symptômes dus aux changements hormonaux et ceux liés à un problème mécanique, mais cela peut vraiment calmer certains inconforts de la grossesse. Une nausée hormonale est liée au premier trimestre. Si les nausées persistent tout au long de la grossesse, le problème est sans doute d’origine mécanique.

En ostéopathie, la consultation du deuxième trimestre est intéressante car bébé ne prend pas encore trop de place. Cela facilite donc notre travail sur le système digestif, comparé au troisième trimestre… Si la femme a des problèmes digestifs, même légers, mieux vaut qu’elle consulte à ce moment-là, plutôt qu’attendre que les troubles s’intensifient au troisième et qu’il soit moins aisé de travailler sur les intestins ou l’estomac. L’ostéopathe ne peut travailler sur certaines choses qu’au huitième ou neuvième mois. Et puis on rencontre aussi certains bébés plus coopératifs que d’autres. Par exemple, si on travaille sur un côté du ventre, le bébé peut de lui-même se pousser pour ne pas gêner, contrairement à un autre bien installé…

 

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Quels sont les troubles ou les problèmes que vous rencontrez régulièrement chez la femme enceinte ?

Les plus importants, en termes de fréquence, sont sûrement les lombalgies et dorsalgies. Mais on peut aussi rencontrer des problèmes de pubalgie ou de sciatalgie. Ou même des douleurs au milieu des omoplates, dues à l’adaptation posturale.

Certaines femmes vont aussi être sujettes à l’inconfort abdominal. Bien entendu, on se doute que la grossesse va tirer sur le ventre. Mais certaines mamans vont vraiment avoir mal en bas de l’abdomen, sans qu’aucun problème médical ne soit détecté. Il s’agit de l’utérus qui gonfle avec des attaches trop tendues. Cela peut provoquer des douleurs en ceinture, prenant le bas du dos et le bas du ventre, vers les muscles obliques en direction du pubis.

 

Est-ce que tous les ostéopathes sont formés aux soins sur les femmes enceintes ?

Depuis l’encadrement de la formation, existe-t-il une inscription dans les textes ? Est-ce appliqué ? Je ne sais pas si les troubles de la femme enceinte font partie du cursus de base de toutes les écoles d’ostéopathie. Pour ma part, j’ai reçu des bases dans mon école, et ensuite j’ai suivi d’autres formations en post-grade.

Le mieux est de se renseigner auprès de son ostéopathe. Est-il oui ou non formé pour le suivi de la femme enceinte ? Je connais certains professionnels qui ont prévu de suivre des formations. Mais tant qu’ils ne les ont pas effectuées, ils le font savoir clairement à leurs patientes.

 

Après l’accouchement, conseillez-vous une visite à la jeune maman ?

L’accouchement en lui-même n’est pas forcément traumatique pour le corps. Mais il y a eu d’importantes contractions musculaires (dos, diaphragme et muscle utérin) pour expulser le nouveau-né avec des poussées en apnée, sans compter le passif des neuf derniers mois qui a pu influer aussi sur l’état d’accouchement. Si le corps a eu neuf mois pour s’adapter à une nouvelle posture avec bébé qui grandit, en quelques heures, il n’est plus là. Le corps doit reprendre une posture de femme avant grossesse. L’accouchement peut aussi avoir un impact selon la morphologie de la femme et du bébé. Il est différent pour une femme avec une ossature large et un petit bébé, et pour une femme mince qui vient d’accoucher de jumeaux. Mais là encore, rien n’est sûr, et le contraire peut très bien se produire.

Libre à la maman de le faire ou non, mais je préfère proposer un bilan dans les deux premiers mois post-partum que l’accouchement soit fait par voie basse ou césarienne, que la grossesse ait été difficile ou non. Certaines femmes viennent me voir le jour-même de leur sortie. Mais rien ne sert de se précipiter chez l’ostéopathe dès la première semaine, sans grosse douleur. La jeune maman peut prendre le temps de se poser, de faire son retour de la maternité tranquillement

 

Merci à Marion Bernard, ostéopathe DO à Saint-Claude dans le Jura, d’avoir répondu à nos questions.

Mise en garde : le suivi pratiqué par un ostéopathe lors de la grossesse ne se substitue en aucune façon au suivi médical. Il est impératif que celui-ci soit pratiqué par un médecin, une sage-femme ou un maïeuticien.

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