La jeune maman a pu bénéficier d’un suivi en ostéopathie tout au long de sa grossesse pour favoriser son mieux-être. Le nouveau-né aussi peut profiter des bienfaits de cette technique…

Marion Bernard, ostéopathe DO, répond aux questions sur le nouveau-né en consultation d’ostéopathie.

 

Quand amener un bébé chez l’ostéopathe pour la première fois ?

Il n’y a pas de délai particulier : la première visite peut se faire dès la sortie de la maternité, sachant que certains ostéopathes consultent dans les services de néonatalogie et peuvent même manipuler des bébés prématurés. Des pédiatres reconnaissent l’intérêt de l’ostéopathie pour les tout-petits et certains la conseillent donc aux jeunes parents.

Sans avis médical contraire et sans problème particulier, je conseille une première visite dans les deux premiers mois, sans se presser, tout comme pour la maman. Les jeunes parents ont besoin d’un peu de temps pour se poser et « atterrir ». Le fait de recevoir le bébé dans les deux premiers mois nous permet de pouvoir travailler assez tôt sur une problématique, sans la laisser s’installer et s’intensifier, ou entraîner d’autres troubles. Mais on peut commencer à travailler sur le problème dès qu’il se présente. Même si c’est à la sortie de la maternité.

 

Peut-on coupler la première visite du bébé avec la première visite de la maman en post-partum ?

Il n’y a pas de problème, mais mieux vaut venir avec un tiers. Idéalement le papa s’il ne travaille pas. Ou alors un des grands-parents pour s’occuper du bébé pendant que la maman reçoit sa séance.

En effet, si le bébé fait sa sieste, l’ostéopathe travaille d’abord sur la maman, puis sur le bébé. Si le bébé est réveillé, on commence par la séance sur le petit bout. Avec un peu de chance, il s’endort, et sinon… il pleure, il a faim, il a besoin d’être changé, pendant que l’ostéopathe travaille sur sa maman et celle-ci, complètement tendue, profitera moins bien du soin.

S’il n’y a pas la possibilité de se faire accompagner par une troisième personne, on privilégiera deux séances séparées, en calant celle de la maman pendant les horaires de sieste de son bébé.

 

Entre une venue au monde par voie basse ou césarienne, existe-t-il une différence pour l’enfant ?

Certains ostéopathes pensent que oui, d’autres non. Quant à moi, je ne peux pas trop me prononcer. Je peux dire que le bébé est fait pour naître par voie basse. Il est normal que les os du crâne se chevauchent à la sortie du bassin, ils se réadaptent ensuite. La nature est ainsi faite : s’il ne devait pas y avoir de pression, le bassin des femmes serait différent.

Mais il faut remettre les choses dans leur contexte : s’il y a césarienne, cela signifie que c’est une nécessité pour la maman, le bébé, ou même les deux. Dans ma pratique, à l’heure actuelle, je n’ai pas assez de recul pour constater de différence ou de blocages particuliers entre les bébés nés par voie basse ou par césarienne.

Néanmoins, les blocages retrouvés chez un bébé sont plus rarement dus à l’accouchement, qu’à la position prise dans les derniers mois dans le ventre de maman. Il se cale dans une position avec les jambes plus ou moins repliées, plus ou moins en tailleur, la tête plus ou moins penchée. Ce n’est pas grave : à la naissance, il va se « déplier » avec plus ou moins de facilité. Dans ce cas, on peut par exemple retrouver des torticolis.

Sauf dans un contexte de complication pendant l’accouchement, les problématiques les plus fréquentes sont liées à la posture intérieure. Mais peu importe la facilité d’accouchement, ou la voie prise pour la naissance, une consultation en ostéopathie est toujours la bienvenue, si le pédiatre donne son accord.

 

Combien de temps dure ce type de séance ? Comment se déroule le rendez-vous ? Est-ce douloureux ?

Dans mon cabinet, la durée sera identique à celle d’une séance pour adulte, mais je vais l’adapter. La différence se fait surtout au niveau de l’entretien avec la maman, plus long, car on discute de la façon dont a été vécue la grossesse si on ne l’a pas suivie, comment s’est déroulé l’accouchement, et que se passe-t-il depuis au niveau des rythmes, de l’allaitement, s’il tète bien ou non, s’il grandit correctement, ce qu’en pense le pédiatre. Suite à cela, la séance « pratique » est plus courte que pour un adulte.

Les courants d’ostéopathie sont nombreux, avec des pratiques différentes. Dans ma façon de faire, celle qui m’a été transmise, on essaie justement de ne pas être douloureux. Au niveau de la pression, le bébé supporte trente fois moins qu’un adulte. Au niveau des contraintes, il y a aussi une différence. Il commence à connaître la gravité alors qu’il a été dans un milieu liquidien pendant neuf mois. Il n’a donc pas encore les contraintes de poids articulaire. Le nouveau-né ne se tient pas encore, le tonus musculaire commence à se mettre en place. Il ne connaît pas encore les problèmes de chute, de choc, les os sont encore des membranes non ossifiées (moins durs que chez l’adulte). Par exemple, les os du crâne sont très malléables. Les parents savent que la fontanelle est une membrane avec des points d’ossification, permettant ainsi au bébé de grandir et de se développer.

Les contraintes subies par le nouveau-né sont aussi différentes de celles de l’adulte en cela qu’elles ne sont pas localisées. Ce sont davantage des problèmes qui se répartissent sur tout le corps du nouveau-né, sur son équilibre général. Un bébé avec des troubles digestifs n’a rarement qu’un simple problème de digestion sur lequel travailler. On vérifie donc l’ensemble de son corps pour voir si les matrices globales ne sont pas en torsion, s’il n’est pas trop penché ou tiré vers l’avant ou vers l’arrière.

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Comment savoir si le nouveau-né a vraiment besoin d’une consultation en ostéopathie ? Quels sont les signes qui peuvent alerter les parents ?

La première chose est de savoir si la visite du pédiatre en maternité a été concluante, sans problème médical suspecté ou diagnostiqué. Si tel est le cas, on peut conseiller une séance d’ostéopathie pour le nouveau-né lorsqu’on rencontre un trouble fonctionnel, un trouble à la succion (des difficultés à téter le sein ou le biberon), des troubles digestifs en tous genres (constipation, coliques, reflux).

On peut aussi regarder quelle est la position préférée du bébé, comme les rotations de tête. Si un bébé bouge bien sa tête mais dort systématiquement avec la tête tournée d’un côté, ou avec un torticolis, cela signifie qu’il y a un problème de mobilité de la tête. Les parents ne doivent pas s’alarmer pour autant, mais les prendre en compte comme des petits signes qui indiquent un inconfort, une nuance entre le bien-être et le douloureux. Comment le déceler ? L’observation est primordiale : si tourner la tête provoque de la douleur chez bébé, il ne le fait pas.

On peut aussi retrouver des petits problèmes chez un bébé qui s’est développé un peu plié dans le ventre de la maman : une fois qu’il est sorti, il doit se déplier. Mais parfois, pour certains bébés, ce n’est pas possible. Dès qu’ils sont posés à plat, ils pleurent parce que cette position les force à se déplier. Et dès qu’ils se retrouvent dans un couffin, ils sont bien.

On voit aussi l’inverse : des bébés qui ne supportent pas d’être dans un couffin et qui sont ronchons, ont du mal à s’endormir. Quand ces bébés se retrouvent à plat sur le dos, ils font l’arc. C’est-à-dire que seuls la tête et les fesses touchent la surface. Pour un ostéopathe, cela signe des tensions vers l’arrière du corps.

 

Est-ce que tous les ostéopathes sont formés aux soins sur les bébés ?

Non. Dans certaines écoles, l’ostéopathie du bébé fait partie du cursus de base. Mais en intégrant des formations de perfectionnement, j’ai parlé à d’autres confrères. Ils n’avaient jamais reçu cet enseignement et, conscients du problème, venaient apprendre les techniques. Il faut donc demander à votre ostéopathe lors de la prise de rendez-vous. Il dira s’il est apte ou non à travailler sur un bébé.

 

Merci à Marion Bernard, ostéopathe DO à Saint-Claude dans le Jura, d’avoir répondu à nos questions.

Mise en garde : le suivi pratiqué par un ostéopathe sur un nouveau-né ne se substitue en aucune façon au suivi médical pratiqué par un pédiatre ou un médecin généraliste.

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