Le périnée est inconnu tant dans son rôle que dans sa localisation, pour près d’une femme sur deux. Quant à celles qui sont capables de le contracter…

Pourtant, de nombreuses techniques permettent de se réapproprier cette connaissance du périnée, utile pour limiter ou prévenir les fuites urinaires, augmenter le plaisir sexuel des deux partenaires, ou tout simplement prendre conscience de cette part de la féminité.

 

La rééducation périnéale par les exercices Kegel

Même si une femme ne les a pas pratiqués, elle a sûrement déjà entendu parler des fameux exercices Kegel, du nom du gynécologue qui les a inventés, le Docteur Arnold Kegel.

Gratuits, ils ont aussi l’avantage de pouvoir être réalisés n’importe où et à n’importe quel moment sans qu’ils ne se voient : assise sur le canapé, dans le métro, au travail, etc.

Il existe diverses variantes des exercices Kegel. Le plus connu est le suivant : imaginez une bande qui relie votre méat urinaire

à votre anus. Visualisez ensuite un point au milieu de cette bande. Maintenant, contractez ce point comme pour tenter de le faire « remonter » dans votre bassin. Tenez la position 10 secondes avant de relâcher, et pratiquez une série de 10.

Savez-vous que… ? Pratiqués régulièrement dès le 4ème mois de grossesse, les exercices Kegel sont réputés assouplir le périnée et limiter ainsi les risques d’épisiotomie, en plus d’apporter de l’aide sur le contrôle du sphincter urinaire et de la reprise d’une vie sexuelle après l’accouchement.

Les boules de geisha

©Plim79

Les boules de geisha (ou smartballs) ne sont pas que de simples accessoires sexuels, mais des outils idéaux pour travailler sur la rééducation périnéale et la musculation de la paroi vaginale. Elles doivent être choisies en fonction du corps de chacune : le diamètre dépend de la taille du vagin, tandis que le poids est fonction de votre tonicité périnéale (plus elles sont lourdes, plus votre plancher pelvien doit être tonique). Les femmes n’ayant jamais eu d’enfants choisiront par exemple des smartballs dont le diamètre (et toujours inférieur à 3 cm). Certaines smartballs proposent aussi des poids évolutifs pour vous accompagner dans votre rééducation périnéale.

Les boules de geisha sont insérées dans le vagin l’une après l’autre, avec un léger mouvement de rotation (l’utilisation d’un lubrifiant à base d’eau peut vous aider), tout en veillant à ce que le cordon pende à l’extérieur du vagin. Ensuite, le port de smartballs peut être couplé ou non avec quelques exercices Kegel, comme vous pouvez les laisser pour effectuer vos tâches quotidiennes. Utilisées à des fins de rééducation périnéale, il est conseillé de demander l’avis de votre sage-femme ou de votre kiné afin qu’il vous propose des exercices adaptés à leur port, en complément d’une rééducation en cabinet.

Savez-vous que… ? Les boules de geisha travaillent sur la tonicité périnéale : 1) par leur poids, 2) grâce aux billes qu’elles contiennent et qui viennent percuter les parois (et donc muscler la paroi vaginale) lorsque vous bougez. Insérer des smartballs avant de vous accorder une pause lecture est donc peu utile…

Mise en garde : en rééducation périnéale post-partum, il faut attendre que le périnée ait retrouvé un certain degré de tonicité avant de pouvoir utiliser des boules de geisha. Sinon, du fait de leur poids et de la faiblesse du plancher pelvien, elles ne pourront pas être maintenues dans le vagin. Attendez que votre médecin (ou votre sage-femme) vous donne le feu vert. 

 

Les cônes de rééducation périnéale

Les cônes fonctionnent sur le même principe que les boules de geisha dans la rééducation périnéale. Technique idéale pour limiter l’incontinence d’effort en quelques semaines, il suffit de les porter quelques minutes par jour.

Les cônes sont souvent conditionnés sous forme de lot, comprenant différents poids et tailles, à faire évoluer en fonction de l’avancée de votre rééducation périnéale. On commence par le cône le plus large et le plus léger (lorsque le vagin est dilaté), pour finir avec le plus petit et le plus lourd (lorsque le vagin a retrouvé de la tonicité).

Le cône s’insère dans le vagin avant de pratiquer une série d’exercices tout en observant la tige qui dépasse. Cela vous indique si vous travaillez les bons muscles ou non.

 

La rééducation périnéale manuelle ou par sonde vaginale

Ces deux types de rééducation sont pratiqués auprès de professionnels de santé : sages-femmes ou kinésithérapeutes. Sur prescription médicale, ces séances (comptez près d’une dizaine) font l’objet d’un remboursement par votre caisse de sécurité sociale, que vous soyez ou non en période post-partum. N’hésitez donc pas à demander une prescription pour des séances de rééducation, même si vous êtes en pré-ménopause ou autre.

La rééducation manuelle est pratiquée au moyen d’un toucher vaginal, guidant la patiente pour qu’elle comprenne quel muscle travailler et contracter. Les maïeuticiens (ou sages-femmes) formés à la technique de la CMP® (Connaissance et Maîtrise du Périnée) proposent aux femmes des images. La visualisation aide ainsi la jeune maman à prendre conscience de chaque zone de son périnée.

La rééducation par sonde vaginale peut se faire par biofeedback ou par neurostimulation. La technique par biofeedback nécessite l’introduction d’une sonde dans le vagin de la patiente, en demandant à la femme de contracter progressivement son périnée pour évaluer sa tonicité. La méthode par électro-stimulation repose aussi sur l’insertion d’une sonde vaginale qui sera cette fois paramétrée pour stimuler et contracter vos muscles.

Savez-vous que… ? Si vous êtes atteinte d’incontinence anale, une rééducation par biofeedback peut vous être proposée chez un kinésithérapeute.

En écoutant plusieurs femmes, il ressort souvent que la méthode la plus appréciée pour son efficacité est la rééducation manuelle. Mais chaque femme est différente : peut-être que ce ne sera pas le cas pour vous.

Bon à savoir : il est désormais possible de se procurer à domicile des appareils d’électrostimulation. Si vous disposez d’une prescription médicale, certaines boutiques peuvent vous délivrer une feuille de soins lors de votre achat, et vous faire ainsi prétendre à un remboursement de la part de la sécurité sociale et de votre mutuelle complémentaire. Attention : tous les produits de rééducation ne sont pas admissibles à ce remboursement.

Mise en garde : certains stimulateurs « à domicile » peuvent être connectés à votre smartphone. Ceux-ci fonctionnent alors par liaison sans fil, Bluetooth®, wifi, etc. Aujourd’hui, les champs électromagnétiques sont considérés par l’OMS comme « potentiellement cancérigènes ». On crée aussi des caleçons « anti-ondes » pour les messieurs. Donc mieux vaut éviter de placer une « antenne », aussi minime soit-elle, près de ses ovaires en particulier, et dans son corps de manière générale.

 

Le laser gynécologique

Pour les cas d’incontinence urinaire modérée et de béance vaginale (vagin distendu et hypotonique), le laser médical peut être indiqué. Un embout semblable à un spéculum est placé sur le laser et introduit dans le vagin. Ensuite, la sonde envoie des impulsions photothermiques pour stimuler la production de collagène et travailler sur la tonicité de la muqueuse vaginale. Non invasive (c’est-à-dire sans nécessité d’inciser) et indolore, cette technique n’entraîne ni saignement ni suture, pas plus que des suites lourdes.

Cette technique prodigue un meilleur soutien de la vessie, pour enrayer les problèmes d’incontinence urinaire et de béance vaginale. Elle est aussi conseillée comme alternative à la vaginoplastie, en cas d’atrophie vaginale par exemple.

Entre trois et cinq sessions sont recommandées mais, suivant l’importance du problème, deux séances peuvent parfois suffire. Mise en garde : ce type de laser et d’intervention sont réservés à la seule pratique des médecins.

 

Quid de la vaginoplastie ?

Cet acte chirurgical n’est pas une technique de rééducation périnéale. L’opération consiste uniquement à réduire le diamètre du conduit vaginal, que ce soit pour des raisons esthétiques ou sensorielles (certaines femmes atteintes de béance vaginale ne peuvent plus ressentir le sexe de leur partenaire).

Une vaginoplastie n’a aucune incidence sur le tonus du plancher pelvien. Elle ne pourra donc pas enrayer un problème d’incontinence urinaire ou anale.

Dans ce domaine comme dans d’autre, la prévention est la clef : dès l’adolescence, vous pouvez commencer à travailler sur la conscience de votre périnée. Il ne faut cependant pas aller dans l’excès inverse en cherchant à le muscler plus que de raison, risquant ainsi un épuisement des muscles périnéaux, voire même une hypertonie.

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