Fin 2012, un scandale sanitaire éclate : celui des pilules de 3ème et 4ème génération sur la santé des femmes. Alors que la pilule, et plus largement la contraception hormonale, sont de moins en moins sollicitées par les femmes qui s’en détournent, la contraception naturelle fait de nouvelles adeptes.

Très souvent, lorsqu’on entend parler de contraception naturelle, les personnes évoquent la méthode Ogino ou le retrait. Comme s’il s’agissait des deux seules techniques proposées. Pourtant, la femme a un plus large choix que celui-ci. Néanmoins, quelles sont les différentes méthodes existantes ? Car le but, rappelons-le, n’est pas d’imposer une vision dogmatisée de la contraception. Mais de proposer à chaque femme une contraception efficace qui respecte ses choix. Et il en existe de fiables, même dans les méthodes contraceptives naturelles…

Avant de débuter notre petit tour d’horizon des plus connues, il est nécessaire de rappeler que :

  • le préservatif est l’unique moyen de prévenir la transmission de MST et d’IST,
  • et l’abstinence est la seule méthode qui obtient 100% d’efficacité contraceptive…

 

Comment fonctionne une contraception naturelle ?

Le but, ici, n’est pas de vous enseigner une méthode en particulier. Afin que vous compreniez correctement de quelle façon une technique fonctionne, il nous faut tout de même faire un récapitulatif du cycle menstruel de la manière la plus simplifiée qui soit.

Couramment, on considère  qu’un cycle menstruel est composé de deux phases. La phase pré-ovulatoire (avant l’ovulation) précède la phase post-ovulatoire (après l’ovulation). (L’ovulation étant l’élément indiquant le passage d’une phase à l’autre.) En phase pré-ovulatoire, les œstrogènes dominent. Ces hormones, en plus de provoquer un pic de LH qui déclenche l’ovulation, agissent sur la glaire cervicale et le col utérin en les rendant plus fertiles. Au contraire, en phase post-ovulatoire, la progestérone est aux commandes, responsable (entre autres) d’une élévation de la température corporelle basale.

Savez-vous que… ? La glaire cervicale fertile est une substance (non pathologique) sécrétée un peu avant l’ovulation, sous l’influence des œstrogènes. La femme qui ne la connaît pas la considère souvent comme un écoulement vaginal de milieu de cycle.

En contraception naturelle, on « scinde » le cycle menstruel en trois phases : pré-ovulatoire, péri-ovulatoire (autour de l’ovulation) et post-ovulatoire. La femme qui ne souhaite pas concevoir doit s’abstenir de rapports sexuels durant la phase péri-ovulatoire, considérée comme fertile, qui débute quelques jours avant l’ovulation, et se termine quelques jours après.

© Isometrik

Méthode Knaus-Ogino ou du calendrier

Généralement appelée méthode Ogino, elle est très souvent (pour ne pas dire à chaque fois) présentée comme l’unique méthode de contraception naturelle existant avec le retrait. Pourtant, elle est très certainement la moins efficace de toutes les contraceptions naturelles et la moins pratiquée !

Très en vogue dans les années 30, elle repose sur un calcul appliqué à tous les cycles, et ne prend pas en compte les nombreux facteurs qui peuvent perturber un cycle et influencer une ovulation, comme le stress ou un médicament. Sa fiabilité est si médiocre qu’elle a mené à… une génération de bébés Ogino ! A éviter…

 

Méthode Billings

Cette technique contraceptive prend uniquement en compte l’observation quotidienne de la glaire cervicale. A l’approche de l’ovulation, ces sécrétions physiologiques vont être plus importantes, plus fluides, plus transparentes, sous l’influence des œstrogènes.

Pour résumer, la femme se considère comme fertile (et doit donc éviter les rapports sexuels) à chaque fois qu’elle observe ou ressent de la glaire cervicale à la vulve, et pendant encore quelques jours après. Difficile à mettre en place pour les femmes qui présentent une leucorrhée physiologique…

 

Méthode des températures

Cette méthode repose sur la seule indication de la température qui doit être mesurée chaque matin au réveil selon des consignes précises. Dès l’instant où la femme ovule, la température basale corporelle augmente en moyenne entre 0,2 et 0,4°C. Lorsqu’on détermine une hausse soutenue pendant plusieurs jours, la femme entre en phase post-ovulatoire pendant laquelle les risques d’une grossesse non désirée sont faibles. Cette méthode ne met en évidence l’ovulation qu’une fois qu’elle a eu lieu.

Pour l’OMS, son efficacité oscille entre 99% (théorique) et 75% (pratique). Cette grande différence peut s’expliquer selon si la méthode est suivie ou non dans sa forme la plus stricte, laquelle ne permet les relations sexuelles qu’en phase post-ovulatoire confirmée, mais pas en phase pré-ovulatoire (évitant ainsi les ovulations plus en avance dans le cycle que prévu) ni péri-ovulatoire.

 

Méthode symptothermique

Elle est basée sur l’observation de trois signes de fertilité (la température basale corporelle, le col utérin, la glaire cervicale) ainsi que sur un calcul prenant en compte les précédents cycles. On utilise et on combine ensuite les données obtenues par ces quatre indicateurs pour déterminer avec le plus de précision possible la fenêtre fertile péri-ovulatoire.

La symptothermie permet de réduire au minimum la phase fertile tout en s’assurant un maximum de fiabilité. Il s’agit sans doute de la méthode la plus utilisée et choisie par les femmes qui se tournent vers la contraception naturelle.

Savez-vous que… ? De nombreuses femmes utilisent la symptothermie afin de savoir quand utiliser des contraceptifs de barrière, comme le préservatif, la cape ou le diaphragme, durant leur cycle. Cette utilisation se fait alors uniquement pendant la phase fertile. Cependant, à cet instant, on ne doit plus prendre en compte le taux d’efficacité de la contraception naturelle choisie, mais celui du contraceptif de barrière. Par exemple, une femme qui utilise la symptothermie tout en utilisant des préservatifs en phase fertile, fera tomber l’efficacité pratique de sa contraception à celle du préservatif, soit 85% et non plus 98%. 

 

Méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée (ou MAMA)

La MAMA est également une technique très efficace pour prévenir d’une éventuelle grossesse, à condition… d’avoir accouché depuis peu et d’allaiter de manière continue et régulière votre bébé. La prolactine (hormone de la lactation) est  maintenue à un fort niveau tout ce temps. De ce fait, elle inhibe la sécrétion de certaines hormones, et repousse ainsi le retour de fertilité (la première ovulation post-partum).

On enseigne de plus en plus cette méthode, surtout dans les pays en voie de développement. Gratuite, elle permet d’espacer les naissances jusqu’à 2 ans de manière assez efficace puisqu’à 98%. Et ce, aussi bien en taux pratique que théorique.

Outre de ne pas être accessible aux mamans qui ne peuvent ou ne veulent pas allaiter, elle sera difficile à mettre en place pour celles qui ne peuvent pas s’octroyer quelques mois de congé maternité, du fait de la fréquence rapprochée des tétées.

 

Et le retrait (ou coït interrompu), est-ce une méthode de contraception naturelle ?

On trouve souvent la technique du retrait classée dans la rubrique « contraception naturelle ». Pourtant, elle n’y a pas sa place. La contraception naturelle sert à déterminer une phase fertile (de plusieurs jours) aux alentours de l’ovulation. On s’abstient ensuite de rapports sexuels durant cette période. Le retrait vise, par le contrôle des sphincters mis en jeu dans l’éjaculation, à éviter que du sperme ne soit déposé dans le vagin. En bref, le retrait n’aurait-il pas davantage sa place dans la contraception de barrière (du point de vue du fonctionnement) ? En évitant que des spermatozoïdes ne remontent dans l’utérus puis les trompes de Fallope ?

Cette technique est à éviter pour tout couple qui souhaite éviter une grossesse au regard de son efficacité pratique (73%). Les raisons sont simples. La première : il peut être difficile pour un homme d’arriver à se retirer « à temps ». La seconde : le liquide pré-séminal (précédant l’éjaculation), même s’il n’est pas fertile en lui-même, peut entraîner des spermatozoïdes présents dans l’urètre depuis une précédente éjaculation, si elle est récente.

 

Et en ce qui concerne l’efficacité de la contraception naturelle ?

Comme à chaque fois que l’on vous présente une efficacité théorique versus une efficacité pratique pour une méthode contraceptive, le chiffre à prendre en compte est le taux d’efficacité pratique. Vous verrez ci-dessous que certaines contraceptions naturelles n’ont rien à envier à la fiabilité de certaines méthodes contraceptives présentées comme « plus sûres »… Aujourd’hui, en toute honnêteté, on ne peut donc plus réserver la contraception naturelle aux seuls « couples qui accueilleraient facilement une grossesse non désirée », comme on le voit souvent écrit…

A titre de comparaison :

Tous les chiffres repris dans les tableaux ci-dessus sont issus du document « Planification familiale/Contraception (Aide-mémoire N°351, Février 2018) disponible ici : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs351/fr/

 Mise en garde : les techniques décrites dans cet article le sont de manière extrêmement succincte et simplifiée. Il ne s’agit en aucun cas d’un cours ou d’une méthodologie pour apprendre à les mettre en place dans votre quotidien. Si vous souhaitez d’autres renseignements sur les mécanismes en œuvre dans la fertilité humaine ou apprendre à utiliser la contraception naturelle de manière efficace et fiable, il vous faut recourir aux services d’une formatrice compétente et diplômée.

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