Marie Marvingt, une illustre inconnue aujourd’hui, pourtant elle fut une sportive émérite au début du siècle dernier, une pionnière de l’aviation et une héroïne française.

Cette femme d’exception, athlète de haut niveau, alpiniste reconnue, aviatrice de renom a eu de bien nombreux surnoms : la fiancée du danger, la reine de l’air, Marie casse-cou… Elle lança l’idée d’aviation sanitaire.

Pratiquant le saut à ski – © Archives Cantal

Née en 1875 à Aurillac, elle vécut à Nancy. Jeune élève surdouée, elle reçoit en parallèle une éducation sportive, poussée par son père, un passionné : natation (elle nageait 4 km à 6 ans), alpinisme et pratiquera tous les sports. Elle gagne nombre de prix dans diverses disciplines : cyclisme, ski, alpinisme, patinage, escrime, équitation, gymnastique, golf, polo, bobsleigh, boxe, arts martiaux, football et tir. En 1910, elle recevra la Médaille d’Or de l’Académie des Sports, pour tous les sports.
Championne de bobsleigh, première femme à vaincre de nombreux sommets (elle inventera la jupe-culotte pour escalader), cycliste hors pair, elle boucle le tour de France après les hommes qui ont refusé sa participation.

Marie Marvingt sera une des premières détentrices du permis de conduire mais sa passion de l’aventure va la lancer à l’assaut des airs. Elle passera son brevet de pilote d’aérostat, d’avion… elle sera la première femme au monde à obtenir les quatre brevets de pilote (ballon libre, avion, hydravion, hélicoptère).

Cette jeune surdouée, admiratrice de Florence Nightingale décide naturellement d’apprendre à soigner et de devenir infirmière. Mais comme elle ne fait rien comme les autres, elle s’inscrit en médecine pour se former.

En 1910, pilote et infirmière, c’est logiquement que lui vient l’idée de mettre sur pied l’aviation sanitaire pour l’évacuation aérienne des blessés Marie Marvingt et l’ingénieur Louis Béchereau, conceptualisent l’avion ambulance : un monoplan avec une civière blindée sous le fuselage avec un matelas pneumatique bordé par des fenêtres de mica. Malheureusement ce projet ne peut pas aboutir : l’entreprise chargée de sa fabrication fait faillite. Mais l’aviation sanitaire est née. Seul témoignage du projet, un dessin coloré réalisé par le peintre Emile Friant en 1914, Marie Marvingt et un médecin portant secours à un blessé de guerre avec le fameux monoplan en arrière-plan.

© Wikicommon
Le soldat Marvingt © Intercontinentale AFP

Femme engagée, patriote, déguisée en homme, elle participe sur le front, à des actions militaires dans les tranchées, comme les poilus. Découverte, elle est renvoyée. Mais elle veut continuer le combat, le maréchal Foch l’autorisera à rejoindre un régiment dans les Dolomites italiennes et à participer à l’évacuation ainsi qu’à la prise en charge des soldats blessés, en terrain montagnard. Sous l’égide de la Croix-Rouge, elle servira comme infirmière de guerre et aide-chirurgicale de campagne (elle passera même plus de trente heures sans dormir pour aider aux soins et amputations).

Pour avoir effectué un bombardement d’une cible militaire en territoire occupé à Metz, elle est décorée de la croix de guerre en 1915. Elle est la première femme au monde engagée dans l’aviation militaire pour effectuer des missions.

A la sortie de la guerre, Marie Marvingt, renonce au mariage, aux enfants, elle a besoin de rester libre. Journaliste, correspondante de guerre, elle parcourt l’Hexagone et le monde, donne des conférences.

L’école de ski métallique dans les dunes marocaines (1920-1930) – © Archives Cantal

Officier de santé des armées, au Maroc, elle crée le service civil d’ambulances sanitaires aériennes, élabore des skis métalliques pour le transport sur sable. Marie Marvingt est la première infirmière de l’air diplômée, en 1937.

Elle promeut l’aviation médicale, lors de la Seconde Guerre mondiale et travaille en tant qu’infirmière de l’air. Elle invente même un nouveau type de suture chirurgicale.

Les années  n’émoussent en aucun cas son intrépidité, elle aime toujours le risque. Le 20 février 1955, pour son 80e anniversaire, Marie Marvingt accompagnée par un officier de l’US Air Force vole au-dessus de Nancy à bord d’un chasseur supersonique américain. En 1960, à 85 ans, elle passe le brevet de pilote sur un Djinnn, hélicoptère à réaction. A 86 ans, elle fait la boucle Nancy-Paris à vélo.

Courageuse, intrépide, Marie Marvingt, n’est pas qu’une aventurière, elle est brillante, instruite (elle a fait son droit et sa médecine et parle 7 langues) et même artiste (tragédie, chant, musique, sculpture et peinture). Elle est la femme la plus décorée de l’histoire de France, comptabilisant 17 records mondiaux, 34 décorations, dont la Légion d’honneur et la Croix de guerre avec palmes. C’est une féministe qui veut être la première à réaliser ce qui n’était pas autorisé à son sexe. Sa devise : « savoir vouloir », résume parfaitement sa pensée.

Adulée « la reine de l’air », « Marie casse-cou », « l’infatigable globe-trotteuse », « l’éternelle curieuse », « la femme la plus extraordinaire du siècle », finit oubliée, dans le dénuement. Marie Marvingt décède dans l’anonymat dans un lit d’hôpital.

Pourtant Outre-Atlantique, elle est restée célèbre. A sa mort en 1963, le Chicago tribune a titré :
« THE MOST INCREDIBLE WOMAN SINCE JOAN OF ARC » (la femme la plus extraordinaire depuis Jeanne d’Arc).

Comment ne pas profiter de cette semaine de la femme pour réhabiliter la mémoire de Marie Marvingt, l’extraordinaire championne et pionnière de l’aviation ?

 

Bibliographie :

Boilley, F. B. (2013). Marie Marvingt à l’aventure du sport. (B. Andrieu, Éd.). Paris: l’Harmattan.
Delbac, T. (2003). Marie Marvingt une femme dans la guerre. Aurillac: Société des Lettres, Sciences et Arts « La Haute-Auvergne ».
Documentaire « Marie Marvingt la fiancée du danger » – Films Documentaires.com. (s. d.). Consulté 12 mars 2014, à l’adresse http://www.filmsdocumentaires.com/films/109-marie-marvingt-la-fiancee-du-danger
Femmes et pilotes militaires dans l’armée de l’Air. (s. d.). Consulté 12 mars 2014, à l’adresse http://rha.revues.org/7776
Inégalité sur la ligne de départ : femmes, origines sociales et conquête du sport. (s. d.). Consulté 12 mars 2014, à l’adresse http://clio.revues.org/1877
Marie Marvingt – Verdun-Meuse.fr. (s. d.). Consulté 12 mars 2014, à l’adresse http://www.verdun-meuse.fr/index.php?qs=fr/ressources/biographie-du-mois—mars-2013—marie-marvin

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