Reconnue comme plante médicinale[A] de la pharmacopée française par l’ANSM, l’Échinacée est tout particulièrement indiquée dès l’automne, pour sa capacité à stimuler le système immunitaire et prévenir les infections des voies respiratoires.

Le genre Echinacea dénombre pas moins de neuf espèces. Les plus connues : Échinacée à feuilles étroites (Echinacea angustifolia), Échinacée pourpre (Echinacea purpurea), ainsi que l’Échinacée pâle (Echinacea pallida).

Toutes trois possèdent des indications médicinales intéressantes. Mais nous ne nous attacherons ici qu’à développer le sujet de l’Echinacée pourpre. Cette espèce demeure la plus commune et la plus facilement trouvée dans le commerce.

Fiche d’identité de l’Échinacée pourpre

Nom commun : Échinacée pourpre, Rudbeckie pourpre
Nom latin : Echinacea purpurea (L.) Moench (anciennement : Rudbeckia purpurea)
Famille : Asteraceae
Origine : Amérique du Nord, Europe

Partie utilisée : les racines (et parfois les sommités fleuries)

Origine de l’Échinacée

Elle existe à l’état sauvage dans les prairies et collines d’Amérique du Nord. Si bien qu’elle a su trouver sa place dans la pharmacopée amérindienne pour guérir localement les plaies et les morsures de serpent. Au XIXème siècle, l’Échinacée est la plante la plus utilisée aux États-Unis. Si bien que le commerce se développe vers l’Europe, où on l’introduit en 1895. Elle sera finalement délaissée dans la première partie du XXème siècle au profit des antibiotiques de synthèse, avant de finalement regagner ses lettres de noblesse avec l’avènement de la phytothérapie et des solutions naturelles.

Depuis, les différentes études scientifiques n’ont eu cesse de prouver ses remarquables propriétés sur le système immunitaire. Ceci est fort intéressant quand on sait que les populations occidentales sont touchées par la biorésistance des micro-organismes (comme les bactéries) aux antibiotiques. Aujourd’hui en Allemagne, près d’une centaine de produits à base d’Echinacea sont produits.

 

Où trouve-t-on l’Échinacée ?

Il est possible que vous ne lui ayez encore jamais prêté attention, mais dans bon nombre de jardins, vous trouvez cette demoiselle rose : l’Échinacée. Cependant, peut-être la connaissez-vous sous son autre nom, la Rudbeckie pourpre ? Cette vivace rustique est souvent confondue avec la marguerite rose chez les néophytes en botanique pour ses fleurons ligulés en périphérie du capitule. Dans un souci de simplification et de vulgarisation, comprenez que le cœur de la fleur est bordé de longs pétales roses.

Marguerite et Échinacée sont cousines, appartenant à la grande famille des Astéracées. Cependant, la Rudbeckie pourpre présente des caractéristiques particulières. En plus de la couleur significative de ses pétales rose pourpre, le cœur de la fleur jaune-orangé évolue tout au long de la floraison jusqu’à former un centre hérissé, à l’origine de son nom (le grec εχινος, ekinos, signifie hérisson), tandis que les pétales s’abaissent.

Très intéressante dans un jardin pour son port dressé et son esthétisme, ainsi que ses propriétés médicinales, l’Échinacée préserve la biodiversité : plante mellifère, elle produit nectar et pollen pour les papillons, bourdons et abeilles.

 

Usages de la plante

Les propriétés médicinales de l’Échinacée sont contenues dans son système racinaire, raison pour laquelle vous pouvez l’utiliser sous deux formes : en racines seules, ou en plante entière (avec racines).

L’Echinacea purpurea peut vous intéresser sur trois grands axes :

 

        Immunomodulatrice

Traditionnellement, l’Échinacée est utilisée pour ses propriétés sur les défenses naturelles. On la qualifie d’immunomodulante et d’immunostimulante[B]  pour ses différentes actions sur le système immunitaire. Elle :

  • augmente le nombre des globules blancs (les lymphocytes, en particulier),
  • active certaines cellules (macrophages) capables de détruire les micro-organismes pathogènes[C],
  • accroît la prolifération des cellules de la rate,
  • produit et stimule les lymphocytes mis en jeu dans l’immunité cellulaire (Th1 et Th2),
  • et augmente la synthèse de certains anticorps (immunoglobulines) par le système immunitaire, afin d’assurer la protection de l’organisme.

Vis-à-vis de certaines infections ORL saisonnières, l’Échinacée présente un double intérêt, préventif et curatif : non seulement elle diminue la probabilité de développer une pathologie hivernale des voies respiratoires supérieures (de type rhume, coups de froid, rhinopharyngite) de 58%, mais les personnes infectées verront la durée de leur rhume raccourcit en moyenne de 1,4 jours[D][E][F]. Pour sa capacité à stimuler les défenses naturelles de l’organisme et augmenter la résistance aux infections, on recommande son utilisation en automne et en hiver.

L’Échinacée est aussi surrénalo-mimétique, c’est-à-dire qu’elle est capable de reproduire certaines propriétés des glandes surrénales  (comme le Ginseng), et augmente la résistance à l’effort.

 

        Anti-infectieuse

En plus de ses propriétés sur le système immunitaire, il faut garder à l’esprit que l’Échinacée est aussi considérée comme antibactérienne, antifongique et antivirale. Une plante à privilégier lorsque l’hiver pointe le bout de son nez !

  • Antibactérienne, cette plante inhibe la croissance de certains germes, comme le staphylocoque doré, le Streptococcus pyogenes, ou le colibacille de l’acné. Elle est aussi capable d’empêcher l’adhésion de certaines bactéries aux cellules intestinales (comme le Campylobacter jejuni, qui provoque diarrhées et entérites).
  • Antifongique, particulièrement sur le Candida albicans (responsable de candidoses), l’Echinacea est idéale pour prévenir les infections uro-génitales[G].
  • Antivirale, l’Échinacée augmente la résistance face aux rhinovirus (virus des voies nasales, souvent mis en cause dans les « coups de froid »), permet aux cellules infectées d’informer les cellules saines afin qu’elles empêchent la multiplication du virus, et potentialise les traitements des verrues cutanées.

L’ESCOP (Coopération Scientifique Européenne en Phytothérapie) considère l’Échinacée comme étant « complémentaire et préventive des infections respiratoires récidivantes ainsi que des infections des voies urinaires », attitude également adoptée par la Commission E du ministère de la Santé allemand[H][I].

Que ce soit donc pour les infections ORL ou pulmonaires (rhume, toux, bronchite, fièvre, coup de froid)[J], la prévention des cystites ou des candidoses récidivantes[K], vous pouvez considérer que l’Echinacea est une plante toute indiquée.

En recherche d’une action curative, plus la plante est prise suffisamment tôt, et plus elle est efficace, ce qui permet à certains de la qualifier d’« antibiotique naturel ».

Savez-vous que… ? Traditionnellement, on utilise Echinacea angustifolia et Echinacea pallida pour le traitement des candidoses à Candida albicans et de l’arthrite rhumatoïde.

 

        Sur la cicatrisation

En s’opposant à la destruction de l’acide hyaluronique, l’Échinacée participe à la restauration du tissu conjonctif (tissus de soutien et de protection localisés entre les organes, participant aux mécanismes de défense immunitaire). Il permet également une meilleure cicatrisation. En voie externe, l’Echinacea (racine et plante entière) accélère la guérison des plaies, empêche l’agression du tissu conjonctif par les germes microbiens, et donc limite leur progression.

On l’utilise pour les troubles de la cicatrisation, les dermatites, les plaies superficielles, les brûlures, ou les ulcérations chroniques.

Savez-vous que… ? L’Échinacée pourpre est aussi anti-inflammatoire, même si ce n’est pas son indication principale.

 

Dosage de l’Échinacée

Vous êtes intéressés par une des indications de l’Échinacée ? Sachez que cette plante est disponible sous différentes formes : teinture-mère, infusion, décoction, gélules, extraits fluides, extraits secs, jus frais, pommade, etc. Les sommités fleuries, elles aussi comestibles, peuvent même agrémenter vos assiettes d’été.

Plusieurs études rapportent que la prise d’Echinacea ne devrait pas excéder huit semaines[L]. En effet, en temps normal, l’utilisation se fait sur 10-15 jours, pour les adultes et les enfants de plus de 12 ans (le dosage est à considérer en fonction de l’âge et du poids du sujet).

Les produits à base d’Échinacée ne sont pas standardisés et les procédés d’extraction variables. On conseille donc de suivre les recommandations du fabricant/laboratoire. En cas de doute ou pour un conseil personnalisé, renseignez-vous auprès de votre pharmacien-herboriste ou d’un professionnel de santé.

De plus, le choix se portera sur une des formes galéniques, sans chercher à les additionner.

Savez-vous que… ? On a remarqué que la composition biochimique des Echinacea était variable selon l’espèce, l’organe et l’origine géographique de la plante.

 

A quelles autres plantes est-il possible d’associer l’Échinacée ?

En gastro-entérologie :

  • Associée à de la Réglisse, pour son rôle préventif des mycoses intestinales

En dermatologie :

  • Avec de la Bardane, en présence d’un eczéma suintant ou d’infections cutanées

En immunologie :

  • En cas d’infections à répétition chez l’adulte, on privilégiera une association Échinacée-Éleuthérocoque. Pour ce même état de fait chez l’enfant, on pense au duo Échinacée-Cassis dans le cadre d’un terrain immunodéficient ; et à Échinacée-Sureau-Thym en présence d’un terrain allergique.
  • L’Echinacea purpurea peut aussi aider à la prévention de la sinusite chronique (avec du Radis noir), et la broncho-pneumopathie chronique obstructive BPCO (associée avec du Sureau).
  • En cas d’infections virales aiguës (de type grippe, rougeole, varicelle, zona), l’association avec du Sureau est tout indiquée.
  • Dans le domaine ORL, l’Échinacée a une place de choix dans la prise en charge des bronchites aiguës ou chroniques (avec du Thym). Au contraire, on l’associe à de la Réglisse lorsqu’il y a des pharyngites ou angines virales. En présence d’infections virales ORL ou respiratoires, comme la grippe, on privilégie Échinacée-Sureau.

En gynéco-urologie :

  • Avec de la Canneberge, pour la prévention des cystites à répétition (à Coli et autres germes).

(Ces données informatives ne substituent pas aux conseils d’un médecin ou d’une prescription médicale.)

 

Précautions d’emploi

L’intérêt tout particulier de l’Échinacée réside notamment dans son absence de toxicité ou d’effet mutagène. Sans interaction médicamenteuse connue, on la déconseille néanmoins avec la prise concomitante de médicaments immunosuppresseurs (corticoïdes, tacrolimus, cyclosporine et méthotrexate, par exemple) à cause de ses propriétés immunostimulantes. De plus, une surveillance médicale étroite est nécessaire chez les personnes sous traitement hépatotoxique.

Les personnes présentant une sensibilité ou une allergie aux plantes de la famille des Astéracées (comme la Camomille ou la Pâquerette, par exemple) ne doivent pas prendre d’Échinacée.

De même, on évite cette plante en cas de maladies évolutives (maladies auto-immunes, SIDA, sclérose en plaque, tuberculose, leucose et collagénose) ou hématologiques (hémochromatose, leucémie, lymphome, par exemple).

 

On proscrit l’usage de l’Échinacée sur une trop longue période et en quantité trop importante.

Il ne faut pas ingérer la dose maximale recommandée pour chaque forme galénique pendant plusieurs semaines. Par exemple, quatre semaines avec 50 gouttes deux fois par jour de teinture mère sans avis médical. Sinon, il y a un risque sinon de voir subvenir de possibles éruptions cutanées, élévation temporaire des transaminases, et effets hépatotoxiques, entre autres.

Comme pour de nombreuses espèces en phytothérapie, même si aucune toxicité n’a été démontrée vis-à-vis des femmes enceintes, allaitantes, ou des enfants, l’Agence Européenne des Médicaments n’écarte pas un potentiel risque. On notera néanmoins que dans une étude[M], les auteurs ont conclu que l’usage gestationnel d’Echinacea durant l’organogenèse n’est pas associé à un risque accru de malformations. Dans ce cas, il y a nécessité de prendre conseil auprès d’un professionnel de santé.

En cas de doute ou si vous présentez une des pathologies visées ici (liste non exhaustive), veuillez vous référer à un professionnel de santé pour une utilisation en toute sécurité des produits de phytothérapie.

De même, si des symptômes apparaissent avec la prise d’Echinacea, qu’ils soient listés ici ou non, et quelle que soit la forme galénique choisie, stoppez immédiatement l’ingestion ou l’application d’Échinacée et consultez sans attendre votre médecin traitant.

 

Notes scientifiques :

[A] European Medicines Agency, European Union herbal monograph on Echinacea purpurea (L.) Moench, herba recens; EMA/HMPC/48704/2014; 24 novembre 2015.
[B] Cassano N, Ferrari A, Fai D, Pettinato M, Pellè S, Del Brocco L, Ligori P, Romano I, Curia S, Carbonara M, Vena GA. Oral supplementation with a nutraceutical containing Echinacea, methionine and antioxidant/immunostimulating compounds in patients with cutaneous viral warts. G Ital Dermatol Venereol. 2011 Jun; 146(3):191-5.
[C] Di Carlo G, Nuzzo I, Capasso R, Sanges MR, Galdiero E, Capasso F, Carratelli CR. Modulation of apoptosis in mice treated with Echinacea and St. John’s wort. Pharmacol Res. 2003 Sep;48(3):273-7.
[D] Lindenmuth GF, Lindenmuth EB. The efficacy of Echinacea compound herbal tea preparation on the severity and duration of upper respiratory and flu symptoms: A randomized, double-blind, placebo-controlled study. J Altern Complement Med 2000; 6:327-34.
[E] Jawad M, Schoop R, Suter A, et al. Safety and efficacy profile of Echinacea purpurea to prevent common cold episodes: a randomized double-blind, placebo-controlled trial. Evid Based Complement Alternat Med 2012;12:841315.
[F] Cohen H. A,Varsano I. , Kahan E. et al. Arch. Effectiveness of an herbal preparation containing Echinacea, propolis, and vitamin C in preventing respiratory tract infectious in children:a randomized, double-blind, placebo-controlled, multicenter study. Pediatr. Adolesc. Med. 2004 Mar;158 (3):217-21.
[G] Binns SE, Purgina B, Bergeron C, Smith ML, Ball L, Baum BR, Arnason JT. Light-mediated antifungal activity of Echinacea extracts. Planta Med. 2000 Apr;66(3):241-4.
[H] ESCOP. Monographs on the Medicinal Uses of Plants Drugs – Echinaceae pallidae radix + Echinaceae purpureae herba + Echinaceae purpureae radix. Centre for Complementary Health Studies, Exeter University, Great Britain, 1996, 1997, 1999.
[I] Blumenthal M, Busse W R, Goldberg A, Gruenwald J, Hall T, Riggins C W, Rister R S (eds.), Klein S and Rister R S (trans.). The Complete German Commission E Monographs—Therapeutic Guide to Herbal Medicines. 1998. Austin: American Botanical Council; Boston: Integrative Medicine Communications.
[J] Hudson JB. Applications of the phytomedicine Echinacea purpurea (Purple Coneflower) in infectious diseases. J Biomed Biotechnol. 2012;2012:769896. doi: 10.1155/2012/769896.
[K] Murina F, Graziottin A, Felice R, Radici GL and Di Francesco S. The Recurrent Vulvovaginal Candidiasis: Proposal of a Personalized Therapeutic Protocol. ISRN Obstet Gynecol. 2011; 2011: 806065.
[L] Organisation mondiale de la Santé. WHO; Monographs on Selected Medicinal Plants, Volume 1, Suisse, 1999.
[M] Gallo M, Sarkar M, Au W, Pietrzak K, Comas B, Smith M, Jaeger TV, Einarson A, Koren G. Pregnancy outcome following gestational exposure to Echinacea: a prospective controlled study. Arch Intern Med. 2000 Nov 13;160(20):3141-3.

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